INTRODUCTION, CONTEXTE HISTORIQUE
L’Espagne, avec à sa tête le Roi Ferdinand VII, connaît à la fin du XIXème siècle, une situation politique instable. Avec une politique maladroite à laquelle se joint l’impact des idées révolutionnaires, on a assisté au déclenchement du morcellement de l’empire colonial espagnol d’Amérique, facilité par les problèmes de la métropole et le Congrès de Vienne de 1815, abolissant la traite des noirs et visant l’esclavage en général. D’abord l’Argentine (1816), le Chili (1818), le Mexique et le Pérou (1821), la Colombie (1822), puis la Bolivie (1825), l’Equateur et le Venezuela (1830), proclament leur indépendance. La guerre hispano-américaine termine la série avec la perte de Cuba, Porto Rico et les Philippines.Privée des ressources de ses ex-colonies, épuisée par les tentatives faites pour les garder et mal préparée à la révolution industrielle qui s’annonce, l’Espagne, déjà très appauvrie économiquement, sombre alors dans un chaos politique : Après la mort de Ferdinand VII, la couronne d’Espagne passe de main en main, de Isabelle II (de 1833 à 1868), à Léopold de Hohenzollern, puis Amédée de Savoie (de 1870 à 1873), qui laisse sa place à une république éphémère (1873), remplacée rapidement par la régence de Alphonse XII (de 1874 à 1885), puis la régence de Marie-Christine, mère de Alphonse XIII jusqu’en 1902. Alphonse XIII monte à son tour sur le trône et règne jusque 1923. Cette instabilité politique va faciliter par la suite la mise en place de gouvernements dictatoriaux.
CONTEXTE ARCHITECTURAL INTERNATIONAL
De l’Art nouveau aux prémices du Modernisme.En cette fin de siècle, l’Europe connaît une sorte de crise architecturale. Une vague d’artistes est à la recherche d’un style, son propre style, le style de cette fin de siècle, pour rompre avec l’historicisme des années passées. C’est la volonté de ne partir d’aucune référence, de projeter à partir de nouvelles bases, en passant notamment par l’utilisation des nouveaux matériaux issus de la Révolution industrielle. Un courant se dessine, l’Art Nouveau. Il se caractérise par l’utilisation de l’acier et autres nouveaux matériaux, travaillés à la manière artisanale, pour répondre à une esthétique s’inspirant de la nature et de ses formes organiques. Guimard en France et Gaudí plus tardivement en Espagne en sont les figures les plus représentatives. L’Art nouveau se décline dans toute l’Europe en adoptant différents noms et différentes caractéristiques mais avec toujours une base commune. On parle de modernisme en Espagne, de Sécession en utriche ou encore de Arts & Crafts en Angleterre.Parallèlement, des figures de l’architecture tel que Otto Wagner en Autriche, développe un style plus en marge des mouvements, tout en partant des mêmes bases : proche du rationalisme de l’Art Nouveau et de la Sécession, il s’attache à développer une « saine logique constructive ». En privilégiant le verre et l’acier comme en multipliant les détails alliant traditions et procédés modernes, il s’inscrit dans la nouvelle architecture engagée dans l’air industriel. On peut y voir les prémices du mouvement moderne.Au tournant du siècle, aux Etats-Unis, on réagit à la décadence de l’Art Nouveau qui à tendance à tomber dans le « délire ornemental ». C’est la naissance des idées modernistes et rationnelles avec l’école de Chicago. Le mouvement prône une recherche collective et internationale.Le recourt aux matériaux et techniques industrielles, le privilège de la structure au décor, l’esthétique de dépouillement et le plan libre sont de rigueur. Le mouvement moderne est né.Face à cette crise de changement de siècle, en Europe cohabite toujours toute sorte de styles architecturaux.
CONTEXTE ARCHITECTURALE ESPAGNE
En relation avec le chaos politique espagnol et le malaise du changement de siècle, le mouvement architectural espagnol se cherche un style, comme dans toute l’Europe d’ailleurs.La jeune génération, dont fait parti Luis Gutiérrez Soto, doit faire face à l’immense vide d’une architecture dépourvue de philosophie et de doctrine.Résultat de cette indétermination, un ensemble d’œuvres ample et contradictoire cohabite à Madrid : de l’historicisme néo-mudéjar, avec la Fabrica Gal de Salvador (1915), au régionalisme éclectique de Rucabado avec la Plaza de Canalejas (1914-1918), en passant par la simplicité des œuvres de Antonio Flórez, ou l’apparition du béton armé dans l’Hôtel Palace de Alvarez Noya et « Monnoyer et fils » (1912), la ville de Madrid acquière un visage à multiples facettes.Cependant, en parallèle avec la pensée nationaliste de la majeure partie de la génération 1898, se dessine un mouvement stylistique plus spécifiquement nationaliste.C’est une préoccupation de l’ornement qui se développe,s’appuyant sur les capacités structurelles et constructives du pays. Pourrait-on y voir une certaine influence de l’Art nouveau et des premières idées rationnelles qui naissant en Europe ? Ce mouvement se réfère à différents styles architecturaux espagnols : en découle un style formel purement représentatif et littéral.Le mouvement moderne, lui, n’est pas encore arrivé en Espagne.
MADRID
En ce début de XXème siècle, alors que la situation économique de l’Espagne demeure critique, la ville de Madrid connaît une croissance démographique sans précédent. La population madrilène, de 576 530 habitants en 1900, se multiplie par 5 en 65 ans. Cette augmentation soudaine de la population engendre un besoin de logements important, ainsi que des bureaux, des installations culturelles…Face à la nécessité d’une réponse rapide pour pallier ces besoins urgents, des germes de tensions apparaissent. L’indécision politique explique l’absence de politique du sol, le manque d’objectifs… Cette précipitation indécise détermine un accroissement urbain futur inégal, désorganisé, polémique…
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